Communion dans la bouche ou dans la main : que dit l’Église ?

Comment doit-on recevoir le Corps du Christ : dans la bouche ou dans la main ? La question suscite bien des polémiques, sur fond de procès d’intention et de condamnations réciproques. La vraie réponse se trouve, non pas dans les « on-dit » mais dans les textes officiels de l’Église. S’y référer permet de clarifier et, souhaitons-le, de pacifier le débat. Pour une plus grande unité au sein de l’Église.

Premier constat : le Concile Vatican II ne s’est pas exprimé sur ce sujet. Il faut attendre 1969 pour que la question soit traitée. L’usage est alors de communier dans la bouche, et cela depuis plusieurs siècles. Cependant, dans certains endroits, la communion dans la main, pratiquée anciennement dans l’Église, a été réintroduite.

1969 : une année historique

C’est dans un tel contexte que la Sacrée congrégation pour le culte divin publie l’instruction Memoriale Domini (29 mai 1969). Le texte prévoit que là où « l’ancien usage » est à nouveau pratiqué, les conférences épiscopales peuvent en autoriser officiellement l’introduction, à condition d’en faire la demande auprès du Saint-Siège, à qui il revient de confirmer. La Conférence des évêques de France présente donc cette demande.

La Sacrée congrégation pour le culte divin y répond favorablement, par une lettre datée du 6 juin 1969, en précisant que « l’usage traditionnel est maintenu en vigueur », que « la nouvelle manière ne doit pas être imposée », et que « les deux manières de communier peuvent coexister dans la même action liturgique ».

Cette lettre insiste aussi sur les précautions et mesures à prendre pour éviter les risques possibles : manque de respect, profanation, perte de foi en la Présence réelle... Elle souligne notamment la  nécessité d’une catéchèse adéquate, en cas d’introduction de l’ancien usage.

Le 19 juin 1969, une note du Conseil permanent des évêques de France autorise chaque fidèle à communier, selon son choix, sous l’une
ou l’autre forme.

Plus récemment

Dans l’exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis sur « l’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Église » (février 2007), Benoît XVI n’aborde pas directement la question. Au paragraphe « Distribution et réception de l’Eucharistie », il renvoie à un document publié en 2004 par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements : l’instruction Redemptionis sacramentum, « sur certaines choses à observer et à éviter concernant la Très Sainte Eucharistie ».

À la suite de la Présentation générale du Missel romain de 2002, ce texte réaffirme le rôle des conférences épiscopales, la nécessaire confirmation du Saint-Siège, et la liberté de choix du fidèle, qui ne doit être ni empêché, ni contraint à l’une ou l’autre forme. Elle insiste à nouveau sur le respect nécessaire et les précautions et règles à observer, notamment pour la communion dans la main. C’est le texte officiel de l’Église le plus récent sur la question. Il est toujours d’actualité.

Élisabeth de Baudoüin


Extraits des textes officiels

 

Instruction Memoriale Domini, 29 mai 1969 :
« ... Les fidèles ont pu autrefois recevoir cet aliment divin dans la main et le porter eux-mêmes à la bouche... Cependant, les prescriptions de l’Église et les textes des Pères attestent abondamment le très profond respect et les très grandes précautions qui entouraient la Sainte Eucharistie ».


Lettre de la Sacrée congrégation pour le culte divin, 6 juin 1969 :
« La possibilité offerte au fidèle de recevoir dans la main et de porter à la bouche le Pain eucharistique ne doit pas lui offrir l'occasion de le considérer comme un pain ordinaire ou une chose sacrée quelconque ; elle doit, au contraire, augmenter en lui le sens de sa dignité de membre du Corps Mystique du Christ, dans lequel il est inséré par le Baptême et par la grâce de l'Eucharistie, et aussi accroître sa foi en la grande réalité du Corps et du Sang du Seigneur qu'il touche de ses mains. Son attitude de respect sera proportionnée à ce qu'il accomplit ».


Présentation générale du Missel romain, 2002, n° 161 :
« Si la communion est donnée seulement sous l’espèce du pain, le prêtre montre à chacun l’hostie en l’élevant légèrement et dit : Corpus Christi (Le Corps du Christ). Le communiant répond : Amen, et reçoit le Sacrement dans la bouche ou bien, là où cela est autorisé, dans la main, selon son choix. Celui qui reçoit la sainte hostie pour communier la consomme aussitôt et intégralement ».


Instruction Redemptionis sacramentum (2004) :
« Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche. Si un communiant désire recevoir le sacrement dans la main, dans les régions où la Conférence des Évêques le permet, avec la confirmation du Siège Apostolique, on peut lui donner la sainte hostie. Cependant, il faut veiller attentivement dans ce cas à ce que l’hostie soit consommée aussitôt par le communiant devant le ministre, pour que personne ne s’éloigne avec les espèces eucharistiques dans la main. S’il y a un risque de profanation, la sainte Communion ne doit pas être donnée dans la main des fidèles » (n° 92).

 

Source : Famille Chrétienne

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