Sondage exclusif "La Vie": qui sont les jeunes cathos des JMJ?


Motivés, engagés, pratiquants, proches des positions sociales et morales de l'Eglise mais aussi ouverts à un monde pluriel..., tel est le profil des jeunes cathos qui seront aux JMJ de Madrid, selon notre grande enqûete.

© Diocèse de Nancy

© Diocèse de Nancy

 

Rassembler tous les deux ou trois ans un ou deux millions de jeunes issus de la mondialité catholique… La géniale intuition de Jean Paul II n’a rien perdu de sa force. Plus d’une génération après les premières JMJ, la source ne s’est jamais tarie. Un million et demi de personnes sont attendues à Madrid, dont des dizaines de milliers de Français. C’est le paradoxe de notre catholicisme : le vieillissement du tissu paroissial s’accompagne d’un renouvellement continu, dans un public aussi minoritaire que motivé. Le Vatican continue à s’offrir la carte jeunes.
C’est aussi aux JMJ que l’Église catholique « recrute » une bonne partie de ses futurs « cadres », peut-être même ses « leaders » de demain. Ce que l’on appelle, dans le jargon ecclésial, les vocations. Même s’ils demeurent de simples fidèles, les « JMJistes » donneront le ton du catholicisme à venir. On comprend pourquoi il est vital de cerner qui ils sont et ce qu’ils pensent. Comment voient-ils Dieu et le monde ? Se montrent-ils en tous points proches de leur Église ? Le grand sondage réalisé en exclusivité par La Vieavec le soutien de l’équipe nationale des JMJ mesure cela de manière précise et profonde, en huit grandes leçons. (retrouvez l'intégralité des résultats en bas de cet article)

Leçon n° 1
Ils sont le cœur du corps

Jamais donc on n’avait étudié avec une telle précision le cœur même du catholicisme en devenir.
Et il ne faut pas regretter de l’avoir fait ! Car c’est bien de cœur qu’il s’agit, et non de vague nébuleuse. Les jeunes qui vont à Madrid ne sont pas de simples curieux attirés par l’auberge espagnole. La quasi-totalité a reçu une éducation religieuse. La plupart s’avèrent très étroitement insérés dans les réseaux paroissiaux et communautaires, mais aussi très engagés dans la pratique religieuse. 88 % sont, au sens de la sociologie religieuse, des pratiquants réguliers, puisqu’ils vont à la messe au moins une fois par mois, et même au moins une fois par semaine pour 58 % d’entre eux. Enfin, ils se montrent très à l’aise avec toutes les positions de leur Église.

Leçon n° 2
Ils aiment l’extra et l’ordinaire

Malicieux ou intuitifs, nous avions spécialement demandé si certains se rendaient à la messe tous les jours. Une question que l’on a renoncé à poser depuis belle lurette dans les sondages sur la pratique religieuse des Français. Signe des temps : 6 % d’entre eux ont répondu par l’affirmative ! Les jeunes des JMJ adhèrent à ce que l’on pourrait appeler le « catholicisme régulier », par choix et non par habitude. Mais ils s’avèrent tout aussi familiers des grands rassemblements. 90 % ont déjà participé à d’autres temps forts de jeunes, comme le Frat des Franciliens. Goûtant le pèlerinage comme ils apprécient la messe, ils conjuguent donc avec la même aisance l’exception et la règle, le spectaculaire et l’ordinaire, la fête et le rite.

Leçon n° 3
Ils disent adieu à la cafétéria

Depuis une dizaine d’années, les sociologues parlent volontiers de « religions à la carte ». Aux États-Unis, on parle d’un « catholicisme de cafétéria », cette religion sans menu imposé, cantine plus que chapelle où l’on choisit librement son entrée, son plat, son dessert… À l’échelle de la population catholique de notre pays, la religion de cafétéria reste la norme. On peut, par exemple, vouloir être enterré à l’église sans guère y avoir mis les pieds de son vivant. On peut demander le baptême pour ses enfants sans avoir l’intention de les inscrire au catéchisme. Mais si notre culture reste dominée par une logique de marché, ceux qui vont aux JMJ semblent rejeter cette philosophie libérale. 71 % d’entre eux estiment que les parents « devraient transmettre à leurs enfants leur propre culture religieuse », plutôt que de leur laisser la « possibilité de choisir ».

Leçon n° 4
Ils prennent tout

Ils ont grandi dans une culture saturée d’offres et de sollicitations. Ils arrivent à l’âge adulte à un moment où l’on se sent, comme jamais, libre de croire… et pressé de ne pas croire. Un moment où les appartenances deviennent à la fois floues et fluides. Par contraste, au lieu de trier, ils sont d’accord avec tout. Pour eux, dans le catholicisme, tout est bon. La « génération cathoplus » succède à la « génération Jean Paul II ». « Cathoplus », ils adhèrent en premier à la « doctrine sociale » : trois sondés sur quatre se sentent « proches » des positions de l’Église en matière de pauvreté, d’immigration, de développement ou de mondialisation. « Cathoplus », ils approuvent à plus de 70 % le discours de l’Église sur la vie. « Cathoplus », ils admettent, de manière nette (58 %) la morale sexuelle. Enfin, quand leurs aînés se seraient définis comme « chrétiens » ou « en recherche », ils se disent très volontiers catholiques (72 %).

Leçon n° 5
Ils s’embourgeoisent

Bienheureux… les riches en argent ou en capital social. Les « cathoplus » sont aussi, par leurs études et leur appartenance sociale, très « France d’en haut » ou « CSP + ». Il n’y a pas beaucoup de demandeurs d’emploi ou de jeunes au travail parmi eux. Leurs pères sont cadres sup ou exercent une profession libérale. Leurs mères sont enseignantes ou femme au foyer. Constat ici sans appel : le catholicisme populaire s’étiole. L’Église s’embourgeoise à grande vitesse. Comment inventer d’autres lieux, d’autres gestes, d’autres propositions qui atteignent la cible plus large des chercheurs de sens et ce dans tous les milieux sociaux ? Au-delà des JMJ, toucher la multitude reste l’enjeu principal de l’évangélisation.

Leçon n° 6
Ils virent à droite

La « génération cathoplus » se montre comme ses aînés rétive aux idéologies extrémistes. Elle résiste à la tentation Marine Le Pen. Mais elle n’en effectue pas moins un impressionnant virage politique. Elle ne s’identifie ni à la social-démocratie, ni à la mouvance écologiste, ni même au centre démocrate-chrétien. 41 % des sondés déclarent une préférence partisane de droite. Rappelons pourtant que les « cathoplus » se montrent encore plus sensibles à des thématiques réputées de gauche – la défense des plus pauvres, l’immigration – qu’à d’autres jugées conservatrices, comme la défense de la vie. Au final, ce déséquilibre massif doit se comprendre aussi comme une forme de dépolitisation, pour le coup assez comparable à celle de leur génération. Un sondé sur trois ne déclare aucune préférence partisane. Dans l’Église, les « cathoplus » ont une foi en béton. Dans la vie publique, ils doutent davantage.

Leçon n° 7
Ils misent sur des relations fortes

Fort peu matérialistes, ils n’affichent guère d’intérêt pour les critères habituels de réussite sociale ou même d’épanouissement personnel. Ils se montrent aussi peu sensibles à des thématiques générales pourtant devenues très importantes dans le débat public, notamment autour de l’écologie. Les relations fortes l’emportent sur les idées fortes. Leur priorité est la réussite de la vie en couple et autour de soi. Avec la foi comme clé. Ils placent donc en premier l’amour proche, l’essentiel, la proximité.

Leçon n° 8
Ils ne sont pas identitaires

Repli identitaire ? Pas si vite… L’un des résultats les plus frappants de l’enquête est au contraire la grande tolérance dont fait preuve cette génération parfaitement habituée à vivre dans un monde pluriel, où le christianisme n’est qu’une religion parmi d’autres. La preuve ? La grande majorité des sondés professe une vision de la vérité religieuse propre à faire frémir les intégristes et même à faire froncer le sourcil du pape : une conception relativiste. Moins d’un sur dix reprend à son compte l’affirmation traditionnelle selon laquelle le catholicisme est « la seule vraie religion ». Un tiers d’entre eux sont déjà allés à des rassemblements œcuméniques de Taizé. Contrairement sans doute à ce que l’on a connu au temps de Jean Paul II, ils n’idolâtrent pas le pape : 80 % voient Benoît XVI juste comme le chef de l’Église, pas comme une rock star, un gourou, une « personnalité exceptionnelle ». L’identité des « cathoplus » est ouverte et sereine.

Les résultats complets de l'enquête :

 

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